E10 : ce que tout automobiliste devrait savoir sur le biocarburant

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Carburant E10
© GettyImages / wakila

L’E10 est distribué en France depuis 2009. Aujourd’hui les automobilistes français peuvent faire le plein de biocarburant dans plus de sept stations de service sur dix. Découvrez ici ce qu’est l’E10, à qui convient-il et quels sont ses avantages pour l’environnement.

Qu’est-ce que l’E10 ?

L’E10 est un supercarburant contenant jusqu’à 10 % d’éthanol. Le E dans la désignation correspond à l’éthanol et le 10 indique la teneur maximale d’éthanol de 10 %. Auparavant, l’essence super pouvait contenir jusqu’à 5 % d’éthanol. Le carburant appelé E5 est toujours disponible aujourd’hui.

Quels sont les avantages de cette essence pour l’environnement ?

Le bioéthanol mélangé à l’essence est produit à partir de matières premières renouvelables. Lorsque l’alcool est brûlé dans le moteur, il ne rejette dans l’atmosphère que la quantité de CO2 que les plantes ont absorbée de l’air pendant leur croissance. Le bioéthanol contribue ainsi à la protection du climat lorsqu’il est utilisé comme carburant. Les émissions de gaz à effet de serre sont réduites avec l’E10 par rapport à l’essence conventionnelle non mélangée. De plus, le bioéthanol génère jusqu’à 75 % de gaz à effet de serre en moins dans la chaîne de production que l’essence fossile. La production de l’alcool nécessite beaucoup moins d’énergie que celle de l’essence conventionnelle.

Quelles voitures peuvent rouler à l’E10 ?

Selon le Deutscher Automobil Treuhand (DAT) et le club automobile allemand ADAC, tous les véhicules à essence peuvent aujourd’hui, à quelques exceptions près, être alimentés en E10. Cela s’applique à de nombreux véhicules construits à partir de la fin des années 1990. Pour savoir si votre voiture est compatible avec l’E10, consultez le manuel d’utilisation. En cas de doute, votre concessionnaire ou le constructeur vous renseigneront également sur la compatibilité de votre modèle de véhicule avec l’E10. Si votre véhicule n’est pas homologué pour l’E10, vous ne devez en aucun cas faire le plein de carburant contenant de l’éthanol. La forte teneur en éthanol du carburant peut entraîner des dommages graves et irréparables.

L’E10 peut-il endommager le moteur ?

L’éthanol forme ce que l’on appelle de l’éthanolate sous haute pression et à haute température. L’éthanolate est agressif et a un effet très corrosif sur l’aluminium. Cette réaction corrosive peut déjà être déclenchée par un seul plein d’E10. Le grand problème est que ce processus ne peut ensuite plus être stoppé. En outre, le bioéthanol peut endommager les joints et les tuyaux. Il est donc important de s’assurer, avant de faire le plein d’E10 pour la première fois, qu’il convient à votre véhicule. L’E5, en revanche, est bien moins problématique.

E10
© GettyImages / Teka77

Que faire si l’on fait le plein d’E10 par erreur ?

Si vous vous trompez de pistolet à la pompe, que vous remplissez votre réservoir d’E10 et que votre véhicule n’est pas homologué pour l’E10, vous avez un problème. Ne démarrez en aucun cas le moteur pour éviter que le carburant inadapté n’y pénètre. Le manuel d’utilisation de votre véhicule indique généralement comment vous devez vous comporter dans un cas pareil. Si le réservoir est plein à ras bord d’E10, vous devez généralement faire pomper le carburant. Si le réservoir est à moitié plein, le club automobile allemand ADAC recommande de faire le plein avec du Super Sans plomb. Selon l’ADAC, cela permet dans la plupart des cas d’obtenir un mélange essence-éthanol compatible avec le moteur.

Faut-il toujours faire le plein d’E10 après l’avoir fait une fois ?

Non, ce n’est pas nécessaire. Vous pouvez alterner E10 et E5. Cela n’a aucune incidence sur le moteur. Selon l’ADAC, vous ne risquez pas d’endommager votre moteur en faisant le plein en alternance. L’électronique de contrôle de votre moteur détecte instantanément la qualité du carburant et régule le moteur en conséquence.

L’E10 affecte-t-il la consommation de carburant ?

Oui, une voiture roulant à l’E10 consomme un peu plus de carburant que si elle fonctionnait à du super pur sans alcool ou à du sans plomb 95 E5. En effet, l’alcool contient un peu moins d’énergie que l’essence par rapport au volume. Le contenu énergétique, ou pouvoir calorifique, est environ un tiers inférieur. Cela signifie qu’il faut brûler davantage pour obtenir la même puissance moteur. D’un autre côté, l’éthanol a de meilleures propriétés de combustion. De plus, l’alcool augmente l’indice d’octane.

La surconsommation reste somme toute limitée. D’un point de vue mathématique, la surconsommation est d’environ 1 %. L’ADAC a constaté une surconsommation moyenne de 1,5 % lors de tests au banc d’essai. Parallèlement, les émissions de CO2 ont baissé de 0,9 %. L’ADAC fait remarquer que des écarts plus importants peuvent se produire au quotidien. Les écarts peuvent être à la hausse comme à la baisse. Les différences dépendent du style de conduite, de la fluidité du trafic, des conditions météorologiques et également de la température extérieure. Des tests effectués par l’ADAC à la demande de l’association fédérale de l’industrie du bioéthanol ont révélé en 2019 des différences de consommation de -2,21 % à +1,7 % par rapport au supercarburant sans alcool sur cinq véhicules d’essai différents.

Est-il possible de faire le plein d’E10 dans d’autres pays européens ?

Vous pouvez vous procurer de l’E10 dans pratiquement tous les pays européens. L’ADAC conseille de veiller, lorsque vous faites le plein à l’étranger, à ce que le carburant soit conforme à la norme européenne EN 228 pour l’essence. Cette norme prescrit la qualité de base du carburant. Les exigences de qualité de l’E10 y sont également incluses. Le marquage des pompes à essence et des pistolets de distribution est également réglementé de manière uniforme dans toute l’Europe. C’est la directive européenne 2014/94/UE qui y veille. Cette directive prévoit également des dispositions uniformes en matière de désignation des carburants autorisés pour un véhicule automobile sur le bouchon du réservoir et dans le mode d’emploi.

L’E10 est-il adapté au chauffage auxiliaire de la voiture ?

Si votre voiture a été équipée en usine d’un chauffage auxiliaire, le constructeur de votre véhicule devra vous indiquer si le chauffage auxiliaire est compatible avec l’E10. L’ADAC recommande dans ce cas de se renseigner auprès du constructeur. Webasto et Eberspächer, les deux principaux fabricants de chauffages auxiliaires en Allemagne, ont testé leurs systèmes avec l’E10. Webasto indique que tous les chauffages auxiliaires à essence des séries Thermo Top Z, E, C et P, produits à partir de 1997, sont compatibles avec l’E10. Les chauffages auxiliaires de la série Thermo Top Evo le sont également.

Eberspächer confirme également que tous les chauffages auxiliaires à essence ainsi que les pompes à carburant correspondantes peuvent fonctionner avec l’E10 s’ils sont installés conformément aux instructions. Si vous avez installé dans votre voiture un chauffage auxiliaire d’un autre fabricant, vous devez absolument vous renseigner auprès du fabricant pour savoir si votre chauffage auxiliaire fonctionne à l’E10.

Carburant
© GettyImages / deepblue4you

Quelle est la résistance au vieillissement de l’éthanol ?

Certaines voitures sont tout simplement trop belles pour être utilisées en hiver. Elles passent les mois d’hiver au garage. Il arrive également que des voitures soient immobilisées un certain temps en raison de longs voyages d’affaires. De nombreux automobilistes se demandent donc si cela peut être un problème avec de l’E10 dans le réservoir. La réponse est non. L’éthanol est un alcool. Tout comme pour un bon whisky, vous pouvez stocker l’éthanol pratiquement aussi longtemps que vous le souhaitez sans qu’il ne perde ses propriétés. L’essence, en revanche, vieillit relativement vite et perd sa capacité d’allumage.

L’E10 ne pose des problèmes que si de l’humidité pénètre dans le réservoir. Cela peut arriver si votre véhicule est exposé à différentes températures pendant son immobilisation. Lorsque l’essence est chaude, elle se dilate et expulse l’air du réservoir. Lorsqu’elle refroidit à nouveau, elle attire de l’air ambiant humide dans le réservoir. L’éthanol est hygroscopique et attire l’eau. À partir d’une certaine quantité d’eau, l’éthanol et l’eau se séparent de l’essence. Ce qu’on appelle la phase éthanol-eau s’accumule au fond du réservoir et est très corrosif. L’E10 est toutefois beaucoup moins problématique que l’E5 à cet égard. Une température ambiante constante permet d’éviter le phénomène. L’ADAC recommande de remplir complètement le réservoir d’E10 avant d’immobiliser le véhicule.

Critique de l’E10

Les biocarburants sont de plus en plus critiqués. En France, ce sont principalement la betterave à sucre et les céréales qui sont cultivées pour la production de bioéthanol. Les terres ainsi utilisées ne sont plus disponibles pour la production alimentaire. Et pas seulement en France. Pour produire suffisamment de biocarburant en Europe, il faut environ 69.000 kilomètres carrés de terres arables. Ces surfaces sont réparties dans le monde entier. Le biocarburant et les denrées alimentaires sont donc en concurrence directe à l’échelle mondiale. L’éthanol est en partie transporté par bateau depuis l’Amérique du Sud et d’autres pays lointains vers l’Europe. De ce fait, l’empreinte carbone de l’E10 est très importante. Selon l’origine de l’alcool, elle est même plus importante que celle de l’essence fossile pure.